La raison profonde d’une telle attitude, c’est que dans les temps d’uniformisation et de mimétisme que nous vivons, chacun est amené à penser la même chose. Penser différemment, ce serait paradoxalement se risquer et s’exposer à ne plus exister (tout simplement parce que celui qui ne rentre pas dans les rangs de la pensée unique n’existe pas).
Pourtant, penser, c’est se singulariser, s’affirmer dans son unicité, exister vraiment pour entrer en relation, se risquer sur le terrain d’une parole commune afin d’essayer de construire une communauté humaine, plus humaine. Faire pression sur la possibilité de parler, voilà qui porte atteinte à notre condition humaine profonde pour réduire celle-ci au rang de chose maîtrisable –méprisable ? –. Cet état de fait, les « éveilleurs de conscience » le refusent.
Mme Vallaud-Belkacem, porte-parole de l’actuel gouvernement, a affirmé qu’il n’y avait pas de « théorie du genre ». Le débat est clos ; La polémique est nulle et non avenue ! Il est intéressant de constater que l’autorité politique tranche de façon aussi nette une question d’ordre théorique et scientifique... Le Politique, il est vrai, doit avoir ses convictions. Peut-il cependant décider d’autorité de ce qui pose problème ou non dans le champ théorique d’interrogation ?... La « théorie du genre » renvoie-t-elle à quelque chose ou pas ? Faut-il parler plus adéquatement d’ « études de genre » ? Pourquoi insister sur cette différence d’appellation ? Et pourquoi, ultimement, le politique se braque-t-il sur une telle question, s’il n’y a rien à voir ?...
Un glissement s’est opéré depuis le cadre des « études de genre » vers ce qu’on peut appeler une « théorie du genre ». Quant à nous, nous nous poserons ici la question de savoir quel est le fondement de ce cadre théorique afin de décider s’il s’agit là d’une théorie comme une autre ou bien si l’interprétation du réel qu’elle engage, loin d’être neutre, pourrait avoir des conséquences fâcheuses voire idéologiques.
Nicodème