• Réflexions sur la liberté

    LibertéUn texte de Jean l'Amandier

    Qu'est-ce que la liberté ?

    La liberté c'est Charlie ? C'est Zemmour ? C'est Dieudonné ? C’est Houellebecq ?

    La liberté n'est-ce pas plutôt le respect de l'autre ? Elle n'est ni l'injonction qui soumet, ni l'injure qui offense, ni la blessure qui agresse ... ! Ces mots libres qui sont aussi des blessures, cette liberté de dire mais qui mortifie.

    Au nom de la liberté peut-on offenser librement, choquer, provoquer ?

    Mais peut-on aussi dénoncer, déranger, interpeller sans être limogé, censuré ? Le mot liberté est plein de nuances, mais il semble qu'elle s'affranchit en effet de la contrainte, de l'empêchement de dire, de penser, de s'exprimer.

    Or cette liberté ne se construit-elle pas à ce jour sur des dérives, des dérives qui résultent d'un modèle libéral, libertaire qui préfère à la réflexion, la légèreté de la provocation parfois sans nuances ?

    Existe-t-il pourtant une définition globale et absolue de la liberté ou une définition selon l'usage que l'on fait du mot liberté ? La société est formée d'hommes libres mais cette liberté doit être adossée à des valeurs qui doivent viser la dimension du respect de l'autre.

    Le respect est la matrice pour fonder un monde commun acceptant nos nuances, nos différences, en faisant attention que les extrêmes ne viennent pas provoquer les déséquilibres et les souffrances qui conduisent au mal. La liberté nous oblige à la décence, au devoir de prendre en considération la sensibilité, celle associée à la communauté du prochain.

    Le Président Mandela partageait qu'« Etre libre ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaines, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ». Au fond la liberté c'est savoir désarmer la haine, les menaces en offrant à l'autre sa capacité à le reconnaître dans sa différence sans chercher à lui imposer une conception idéologique de quelque ordre que ce soit ! 

    Une citation dont je n'ai pas l'auteur en mémoire...mais il me semble qu'elle est assez juste... « La liberté n’est pas au commencement, mais à la fin. La liberté est le fruit du bon ordre. » Mais en revanche je ne suis pas Saint Just qui fut en son temps l'incarnation du totalitarisme.... Nous savons où conduisit la posture du révolutionnaire et sa définition qu'il donna de la liberté « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

    La liberté doit être aimée et parce que nous l'aimons, la chérissons, nous devons prendre soin de ne pas heurter et injurier le prochain ! Ma définition de la liberté est ainsi à contrecourant de ce temps qui galvaude le mot liberté et voit en elle l'absence d'opposition, ne nuançant pas le sens qui pourrait fonder une société apaisée qui accepte la différence et donc les désaccords possibles mais qui peuvent aussi enrichir ce qui fait notre relation à l'autre.

    La liberté est donc une anti négation, et non une libre expression qui provoque les autres. La liberté est un rapport bienveillant au monde qui annonce le sens que lui en donne Mandela, renforcer la liberté des autres ! La liberté est une exigence, bien plus qu'une posture, bien plus que la libre expression.

    Or à travers les postures de quatre expressions que sont Charlie, Zemmour, Dieudonné, Houellebecq, nous prenons la mesure des formes de liberté, des manières de penser la société, des problématiques que pose la liberté et du risque de les exposer. Nous voyons bien les dérives d'une société qui est prête à valoriser certaines expressions de la liberté, mais qui en condamne d'autres.

    La société libérale-libertaire entend ainsi donner un « visage » à cette liberté, mais ce faisant, cette liberté libertaire devient paradoxalement aussi totalitaire puisqu'elle en exclut les autres manifestations ; ce qu'on a vu dans les propos d'une journaliste prête à « traquer » ceux qui « ne sont pas Charlie », alors qu'ils n'ont fait qu'user différemment de leur propre liberté ! Il n'est pas sûr que ce « visage » soit celui de la liberté à laquelle nous aspirons, d'une liberté libérée des chaînes de l'oppression, d'une liberté fondée sur le respect et qui ne heurte pas la liberté de conscience ou la liberté de penser !

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  • Commentaires

    1
    Prigent Claude
    Samedi 24 Janvier 2015 à 18:15

    Une chronique signée Bruno Frappat du journal La Croix en date du 30 Avril 2005 et intitulée Le principe de dérision est une fine analyse de l'esprit "guignol"

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